vendredi 8 septembre 2017

Des chiffres (et des lettres) mis à mal.

           
Les feuilles continuent leur transformation.
           J’ai, depuis mon arrivée, pu tester mon équipement. Ayant dormi par 5 degrés (Celsius heureusement) lors d’un temps pluvieux plus d’une fois, je peux dire que mon matos tient la route. Du coup quand tu te lèves et qu’il fait soleil et 13-14 degrés il fait chaud et c’est short t-shirt !

Ecoute. Pourquoi pas!
Aussi ici 50 kilomètres c’est rien, la distance d’un course moyenne ou d’un aller au boulot dans le patelin voisin. Apparemment mon corps prend cette petite retraite en nature, sauvage et rude, comme une aubaine pour récupérer les heures de sommeil perdues ces deux dernières années. Je respire comme jamais auparavant. En cote nord de la Gaspésie, il fait plus froid et le fleuve/mer apporte beaucoup de vent et de stimulation. Je me fais piquer et mordre par tout plein de nouveaux insectes qui se repaissent de ma chair exotique et nourrie curieusement pour eux. Je manipule de nouvelles plantes urticaires. Tout ces « petits poisons » créent des réactions physiologiques novatrices qui reconfigurent mon organisme.

Face au large!
           J’ai été faire du Canoe (qu’ils prononcent comme canot c’est cocasse) un lendemain de karaoké avec le bon Ruperto et une amie qu’on nommera pokéfeu, sur la mer. C’était vraiment rigolo et l’eau salée et l’appel du large m’ont fait beaucoup de bien. Beaucoup de bien c’est une phrase que vous risquez de lire a moult reprises (pour ceux au fond de la classe qui suivent pas). Le soir même on a fait une boume au hameau. On était genre une 50aine et les derniers irréductibles sont couchées vers 3:30. Si ça ne me donne pas l’impression d’écrire un blog d’adolescente naïve ça ! ouais les copains j’ai fait une boume et c’était trop cool. En bref j’essayais de vous transmettre que je m’amuse bien.
La côte nord de la gaspésie. Un mini fragment tout du moins
D’un autre aspect collectif, on a été marcher pour faire oppositions au grands pétroliers qui tentent de faire du fracking sur des terres natives qui, pour le coup assez exceptionnellement, ne figurent même pas au registre blanc (lir gringos ou homme blanc). Je vous explique.
            Lors de la colonisation souvent l’homme blanc s’est attribué des terres à son arrivée. En mode, ils rencontrent les natifs et leur disent « je suis arrivé le premier ». Ils écrivent un petit papier « c’est à moi » et montre à leur copains. Bah le gouvernement du Québec l’a même pas fait pour la plupart de la Gaspésie. Donc dans leur propre système ils ont pas le droit. Du reste la cote sud de la MRC (municipalité régionale de comté) est beaucoup plus vivable et ce fut une belle expérience que de découvrir Gaspé ainsi. La manif était bon enfant et les flics n’avaient pas l’habitude de gérer des aussi grands cortèges. On était max 100, Pour 8 flics répartis en 4 voitures. Alors ils nous ont accompagnés et fait en sorte que personne ne se fasse écraser et que tout se déroule bien. Bon ils ont été maladroits, et ont pris un gars farouche par le bras (ce qui est illégal s’ils n’ont pas de raison annoncée de le mettre en état d’arrestation) mais ça s’est résolu de façon pacifique. Faut dire qu’ils étaient empruntés car c’était une manifestation non autorisée mais le maire nous as dit de le faire quand même. Bref ça s’est déroulé dans le calme et l’entente (contrairement à beaucoup de soulèvement actuels).
coucher de soleil Classique
            Ah oui, Le fracking c’est la pratique d’envoyer un liquide (souvent de l’eau avec quelques minéraux) à haute pression dans des veines souterraines pour les ouvrir afin de permettre un écoulement plus fluide de gaz et pétrole. Naturellement d’ouvrir les failles déjà existantes ont des conséquences souvent nocives à plus d’un point. Augmentation des probabilités de tremblement de terre (lignes de failles oblige) et aussi infiltrations et mélanges des différentes poches, pétrole dans eau, gaz et pétrole qui se rencontrent, gaz et eau etc. donc toutes sortes de réactions joyeuses.
            Le timing est un aspect des plus subtil et décisif dans l’évolution de tout un chacun. Je suis venu en Gaspésie, et de façon plus large mon départ a été choisi, afin de pouvoir voire le changement de couleurs des feuilles au Canada. Ça continue et c’est tangible, je rigole beaucoup à être émerveillé et de montrer des photos aux locaux qui sont genre « ouais bof on connait ». Y a toutes sortes d’évolution des feuilles et plantes. C’est je l’avoue la plupart des photos de ce billet.
le bord de mer
            Une fin de journée, j’ai été méditer au bord de la mer et c’était hyper beau et apaisant. En rentrant, marchant au bord d’une route ou les gros camions passent a 70km/h je me suis rendu compte d’à quel point j’aime être dans un véhicule à fenêtre de taille respectable (une autre façon de dire bus et train) au crépuscule. D’être assis dans le véhicule en mouvement, de voir le soleil qui accepte de bien vouloir s’incliner, humble mais conservant sa souveraineté au travers de la brume des branchages accélérés, échappant à la préhension de notre vue. La sensation délicieusement luxueuse de vivre le chemin sans l’effort de le parcourir. La facilité d’aller vers une destination sans devoir fournir la décision de la choisir. Défendu de la nécessité de trouver un toit pour la nuit et protégé du souci de louper le bon arrêt car la nuit sera passée « ici » même.

Ca vend du rêve.
            Puis la sensation magique, l’émerveillement de voir que le vaisseau continue son chemin lors du retour de notre conscience en lui. Le soulagement de découvrir à notre réveil que le monde a continué à tourner.
            Je pense me remettre en déplacement dans 10 jours à peu près, bien qu’il m’apparait comme de plus en plus clair pourquoi certains s’installent ici et y vivent une douce (je ne parle évidemment pas que du climat) et généreuse vie. Et c’est tentant mais je jouis de la joie de la clarté d’émotion et ici n’est pas mon lieu, toute ma reconnaissance est intacte néanmoins. Je me retrouve beaucoup à être appelé et parler de mon expérience à Cusco. Déjà à l’époque je savais mon retour en cette vie pour une durée plus longue. Et me voici dans un état cocasse de considérer les 12 prochains mois comme étant tant déjà remplis, trop courts et en même temps totalement libres et incertains. Cusco pour 4 mois serait le minimum et pourtant si je m’offre une chambre pendant un mois à Montréal (comme cadeau d’anniversaire) et que j’amorce l’« Appalachian trail » en mars, il me reste novembre-décembre-janvier-février pour Cusco. C’est très limite. Mais le trail durerait 5 mois à coup de 24km par jour, plus une semaine aux abord du mont Kathadin, qui est reconnu comme un lieu énergétique puissant et autour duquel gravitent plusieurs communautés. Le Mont Kathadin est l’ultime pic du trail Etats-Unien.

bien profond sombre et sanguin. Chaleureux aussi
            Bref tout d’un coup une année pleine de programme. Hahaha et de l’autre coté je me réjouis de la marque du « premier mois » après mon départ fini. C’est que c’est encore très frais, ce n’est que le début. Et comme tout début, bizarrement voire même tristement, on aurait tendance à minimiser sa valeur. Comme s’il était plus loué d’être habitué que de faire le premier pas.
En réalité toute vie ne peut qu’être infinie tant que le moment de la mort n’est pas révélé. Ne pouvant qu’être autre dans la mort, la vie connue tel que l’on est ne peut alors que vivre dans un état éternel.
 Je me réjouis du temps qui passera et du moment ou je pourrai dire que je fais un voyage « à l’infini » mais qui n’auras pas commencé il y a seulement que quelque jour. Curieuse pratique que de minimiser les débuts, on « onomatope » aux bébés et on parle au petits enfants comme si c’était des teubés. Les enfants moyens on les frustre en leur disant qu’ils comprendront quand ils seront plus vieux et on demande à la plupart des adolescents de nous faire confiance aveuglement sans leur accorder la notre. (Je parle ici de climat culturel au delà d’exemples incarnés par l’expérience directe). M’est avis que l’importance apportée aux adultes et aux non-adultes est déséquilibrée.
Il a l'air tout à fait convaincu.
Du coup je viens de faire quelque recherche étymologique sur le terme adulte. Ayant retenu d’un très apprécié professeur de français qu’adulte signifiait « plus enfant » sous forme d’a-dulte. Mais conservant néanmoins le désir de confirmer ou plutôt approfondir, je découvre une fois de plus la nature intrinsèquement énigmatique des mots.
Donc me voici avec quelques intrigantes découvertes, un dictionnaire classique[1] définit comme adulte : «  Qui est parvenu au terme de son développement » 
Puis alors de chercher plus profondément via un dictionnaire français latin2 les termes sources d’adulte, Adultus ; Qui a grandi, déjà développé.
On trouve Adulo ; Caresser, Flatter, qui donne source au terme Adulation. Adolescentulus, jeune homme. Ce qui m’as mené vers Escensio ; Débarquement, Descente, lui même dérivé de Escendio ; monter, se rendre à, avancer à l’intérieur d’un pays. L’adolescent serait celui qui va vers la complétion vers l’« être grand »
Adulter (et Adulteratio) ; 1/adultère, 2/altéré, falsifié. Partageant les mêmes racines et tout deux parlant de modifications. Dans un cas du cadre du mariage voir même de ce qui est Juste, louable ou permis. Et l’autre cas faisant acte même de changement à partir d’un état préalable. Adolescent qui serait de rendre vers l’âge adulte, complètement grandi.
Continuant mon chemin dans l’abime du terrier du lapin, le plus proche du radical     -Eratio- que je puisse trouver sont les termes Erado ; enlever en raclant, rayer, raser et Erato ; muse de la poésie érotique.

degradé qui a sû attirer mon attention.
Erado pourrait se rapprocher d’Eradicatio ; déraciner. Beaucoup des termes proches d’éradiquer tendent vers l’apparition des termes à base de radical. Le radical (jeu de mot mise a part, un Radical est la partie « source » d’un mot après avoir enlevé préfixes et suffixes. Par exemple le radical de malintentionné est « intention » après avoir enlevé le prefixe « mal- » et le suffixe « -né ».) donc le radical commun à cette famille de mots serait Era ; Héra.
Elle même déesse fondatrice, femme (et ainée) par mariage officiel de Zeus. Elle est liée aux Heures et à la radiance du printemps, à la notion du temps qui passe et, entres autres, à la fertilité. Les racines sont les appendices nourriciers des plantes. C’est une Déesse exclusive, fidèle et jalouse qui a beaucoup persécuté les enfants bâtards de Zeus. Genre elle a retardé la naissance d’hercule de 7 mois puis, une fois né, envoyé deux énormes serpents à sont berceau (il les étranglas). Elle se déguisa en femme amazone pour le discréditer aux yeux d’Hippolyte, lorsqu’il était venu recevoir une ceinture (en guise de récompense pour un de ses travaux accomplis). Bref j’en passe et des meilleures.
Précisons que depuis le radical Era je suis passé d’hypothèses sensées et probables à fabulations de lien direct.

Donc Héra comme femme jalouse et pro mariage on retrouverait, cocassement, Era dans Adultère. En réalité il est bien plus probable qu’adultère vienne d’« aduler Erato », muse de la poésie érotique. Qui plus est Erato apparait bien avant Héra dans les genèses de la mythologie grecque. Néanmoins la notion de changement, de développement, de grandir et d’altération est centrale dans cette famille de mots. Le Era d’Héra viendrait porter son sens dans la notion de grandir (printemps et heures) et du côté falsifié dans l’adultère, étant un personnage emblématiquement fidèle et jaloux.
Donc l’adulte, celui qui a changé, qui est pleinement développé, mais qui apprécie l’érotique aussi. Alors peut être trouvons nous (enfin) un lien avec ma phrase antérieure sur une potentielle absence ou tout du moins, réduction du crédit apporté au commencement (aux préadultes), l’adulte est celui que l’on adule. L’enfant, Infans ; est simplement celui qui ne parle pas. Fans étant le participe présent de For ; parler et, dans le cas de ce terme, In sert de préfixe signifiant une négation.
On réduit l’enfant à son absence de sophistication par le langage mais on trouve, certes caché, le soupçon d’une trahison, un piège chez l’adulte. Il y a quelque chose de faux dans tout ça. De contrefait. Alors que de nombreux enfants, eux même apprennent en copiant l’adulte. Une fois adulte, il a accompli son altération, sa falsification.
découvert ces diverses couleurs en pissant.
En tout cas, merci à toi qui m’as suivi dans ce petit délire quasi académique sans prétention d’édition optimale. Je cherchais simplement à exprimer que, bien que cela fait peu de temps que je suis parti, je sais déjà que l’essence de ce mouvement est juste. Qu’il soit confirmé ou non par le confort de la durée. Encore plus résumé, ça ne fait pas long mais c’est cool.
Un peu comme ce petit laïus sur l’idée d’écrire sur la solitude, je commence à percevoir un changement, une nouveau rapport à l’écrit. Voir même un appel à écrire quelque chose de plus construit que des billets de blog. C’est cool, ça viendra en temps voulu.
je suis trop fan de celle ci.
Sinon je viens de voir les Outardes passer (oui, j’ai fait les jeux de mots). En vrai elles sont passées déjà la semaine dernière et là, toute la communauté avait tenté humoristiquement de les faire revenir. Le départ des outardes, les oies en québécois, est signe de l’arrivée de l’automne. Il a plu les deux jours derniers et demain, comme aujourd’hui il fera beau. Je m’en irai me promener pour profiter du soleil et témoigner de l’évolution encore des couleurs. En plus je viens d’apprendre que les parcs de la MRC sont gratuit a cause d’un truc un peu canoniste.

je sais, elle est floue, mais pas mal cool. love and hugs.



[1] TLFI, trésor de la langue français informatisé, disponible sur le site CNRTL, centre national de ressources textuelles et lexicales
2 Dictionniare Gaffiot (1934)

jeudi 31 août 2017

Tomber des arbres dans les bois du Quebec .

Coucher de soleil Gaspésien tout ce qu'il y a de plus classique
Je commence ce post par une phrase très dans l’ère du temps, bien plus qu’il n’y a ne serait ce que 3 ans en arrière :

En regardant mon blog du coté de l’édition je me suis rendu compte qu’il y avait eu 114 vues pour mon premier post depuis mon départ ! j’ai été très surpris en vrai. Ça me touche beaucoup les copains. Franchement c’est cool ça me motive bien à continuer.

            Donc Maintenant. Je suis arrivé en Gaspésie dans une très belle communauté agricole (dont je tairai le nom) pour voir un très bon ami que l’on nommera ici, Ruperto* (nom connu de la rédaction).
 
Framboisier et module pour presser de l'huile de colza.
            J’ai fait 900 kilomètres en covoiturage durant une grosse après midi et suis arrivé la nuit. Après avoir remarqué que le gps nous proposait de me lâcher au milieu de l’équivalent d’une route nationale nous trouvâmes une petite route menant a la communauté. Après avoir déchargé mon fatras je me mis en route du foyer central ou je fus accueilli par du violon folklorique québécois-breton. Une très belle et poétique arrivée. Mais mon ami n’était point là, cette adorable homme était parti en voiture pour sillonner les 20 kilomètres entre mon lieu d’arrivée présumé et chez lui. J’avais envoyé un texto a un téléphone fixe apparemment. Maintenant je sais quel sont les indicatifs téléphoniques.

            L’autre jour, j’ai accompagné Rupi sur une parcelle de terrain a quelques minutes de marche du centre de la vie communautaire pour l’aider à défricher ledit terrain. Et !

            J’ai abattu un arbre à la hache pour la première fois de ma vie! Yoo-hoo! mont joie! plaisir et Victoire! Au Canada qui plus est, si ce n’est pas classe. Bon, mon excès de zèle sur les arbres suivant m’a valu de bonnes grosses cloques. Mais fait bien plaisir.

Une bonne partie de mes premières victoires!
            En parlant de plaisir, il fait frais, aux deux sens du terme. Et ça respire bon ! le silence est doux, protecteur et très présent. C’est un très bel endroit pour me recueillir. Mon corps lui réagit par contre. Nouvelles douleurs et irritations en plus d’une montée de psoriasis, il y a des choses énergétiques qui se passent en profondeurs, un peu comme la sensation d’une sorte d’update. Il se remet en phase dans un lieu avec un taux de vibrations plus élevé.
petite chenille intriguant (que je n'ai pas touchée) 
            On a fait aussi une grosse promenade dans l’arrière pays de leur domaine, par dessus la colline en passant par un village de G.N. (en référence au jeux de rôles pratiqués en « Grandeur Nature ») jusqu'à une cabane du père d’un des membres du collectif. Assez haut pour au delà du versant et découvrir les étendues paisibles. 
Bien motivés les gars qui ont construit cette cabane juste pour du GN.
            Couverture d’arbres caressant monts et collines au travers d’un espace quasi inhabité. Je referai cette balade, seul. En prenant la marge pour me tromper de chemin, accompagné d’une vaillante boussole, cadeau d’un ami valeureux. J’irai afin de prendre le temps d’intégrer cet appel à l’aventure. 
Ruine contemporaine du toit d'une échoppe de marchand.
            A l’ouverture la plus totale, un espace sauvage et préservé. Un espace qui reste reclus et caractériel, il fait déjà froid et j’ai dormi dans ma tente par 5-7 degrés au plus bas. J’ai un bon combo tente sace de couchage matelas donc je dors très très bien.
Escapade vers le déploiement de l'espace du grand nord américain. 
            La Gaspésie c’est un territoire énorme et tant bien que les colons ont fait énormément d’efforts pour le peupler, par certaines façons peu recommandables, il se fait déserter par les nouvelles générations. Marée du mouvement humain ou une génération s’en va en nature pour se ressourcer et la suivant est aspirée par les attraits des grands métropoles, brassins de cultures et de différences, lieux d’énergies frénétiques ou il fait bon s’y perdre. La colonisation du Québec fut jadis fortement soutenue par la religion, on y trouve d’énormes église pour des patelins peux impressionnants de par leur autres développements culturels. En effet cela devait apporter pas mal de réconfort en des contrés sauvages froides et peuples de tribus qui ne goutaient guerre la colonisation, que de voir une gigantesque croix érigée en grâce au dieu unique et souvent interprété comme exclusif en haut d’une colline (on les repères aisément et elles sont multiples).
Tonitruante et inéchappable (mais quand même "jolie")
            Mais la religion avait d’autre impacts sur la colonisation et souvent on prêchait, à la messe, pour que les femmes passent leur vie à donner naissance. Cela aidait l’effort de colonisation, voyez-vous. On en fit leur devoir et leur plus importante « fonction ». A tel point que les curés faisaient souvent pression pour culpabiliser les maris si leur femmes ne fournissaient pas assez d’enfants. Aux femmes, on pendait la carotte de la communion (ou le bâton de l’excommunion) comme moyen de manipuler le foyer à générer de la population. Imaginez vous être menacé(e) d’expulsion de l’aspect le plus important, réconfortant et souvent salutaire de la vie en communauté dans un pays froid, sans limite et en proie à l’inconnu avec des secours bien trop loin pour appeler. D’ailleurs, au jour d’aujourd’hui, le Canada prête toujours allégeance à la reine d’Angleterre et toute personne désireuse de se naturaliser doit prêter serment à celle ci.
            Cette emphase sur la reproduction créait des grandes fratries dans les générations du XIXe et jusqu'à tard dans le XXe siècle.

Changement de couleur des feuilles qui commence. ici dans les feuilles d'un érable à sucre. C'est afin de voir le changement des couleur dés son départ que je suis ici "aussi tôt".
Erable à épis
J’ai découvert pas mal de flore locale hier avec ce bon Ruperto. On a surtout ramassé des noisettes qu’il va garder pour faire pousser des noisetiers à l’avenir. Laissez moi vous parler de lui un petit instant, vous qui me demandez de « ne pas faire comme lui, de donner des nouvelles de temps à autres ». Alors je vous donne des nouvelles de lui. Sachez qu’il va très bien, je le retrouve passionné et très intensément affairé à générer un nouvel espace de création. Il m’enseigne beaucoup de choses sur la faune et la flore locale et aime transmettre toute une déontologie sur l’agriculture tant saine que durable. En très peu de jours, j’ai acquis de bases fondamentales tout en ayant plaisir à me balader et découvrir toutes sortes de plantes. Il passe la plupart de son temps en contact avec toutes les étapes de la vie végétale, qu’elles soient herbes, plantes légumières, arbustes et divers arbres. Il a l’oeil qui brille et le sourire facile mon bel ami et cela m’emplit de joie quand quelqu’un que j’aime tant a trouvé, ne serait ce que l’espace d’un instant, une pratique, une façon de vivre qui le fait rayonner autant. 

Bloc de sel pour attirer l'orignal. Il vient le lecher et du coup c'est plus facile pour le chasser. (c'est pas moi qui l'ai mis là)
             Au centre de la communauté il y a une cuisine et un salon d’été, espaces de passage et rencontre ou l’on mange fréquemment en groupe. Les discussions voltigent entre planification et rigolades. Puis, après le souper, vient souvent un moment en musique au coin du feu, quelque breuvage alcoolisé local en main. Ces instants s'alternent avec des parties ludiques en intérieur quand la température est moins clémente. 90% de ce que nos mangeons est produit sur place et c’est une vie très belle que de se nourrir directement du fruit de nos efforts. Les miens sont modestes en tant qu’ami visiteur ; sorte d’hybride entre vacancier et woofer.
Dans la cuiller, plafond de la cuisine d'été.
            Jadis, certaines tribus amérindiennes disaient qu’il ne faisait pas bon voyager plus rapidement qu’à cheval, car l’âme n’avais pas le temps de suivre le corps. J’ai enfin l’impression d’être arrivé ici et je prends le temps de vivre le lieu dans une autre forme de temporalité. 3 ans que je n’ai pas respiré un air aussi bon aussi pur. Peut être même plus. Chaque espace en Europe occidentale semble plus dense et pollué qu’ici. Ca fait peut être des décennies ou même la première fois de ma vie que je respire un air aussi pur. Peut etre en alaska, il y a dix ans. Toujours est il qu’en voyageant beaucoup il n’est pas difficile de continuer à vivre les premières fois et c’est peut être là le secret d’un vie bien vécue que de découvrir et redécouvrir sans fin. Entrer dans l’espace ou l’infinie richesse des expériences nous renouvèle, nous offre tant humilité qu’assurance, pas après pas.
Tente au couchant.